Yoga : Comment mettre en place une pratique personnelle ?
On en parle dans presque tous les cours, collectifs ou particuliers, et on en parle énormément en consultation individuelle de yogathérapie, justement parce que cette approche se fonde essentiellement sur la pratique régulière et individuelle.
L'autodiscipline du yoga
Trouver le temps, trouver la motivation, contourner la peur du ridicule si l'on n'est pas seul(e)... Et puis mettre en place sa propre discipline est une chose, s'y tenir en est une autre ! C'est la même chose pour les résolutions de nouvelle année, de rentrée. Pourtant, on s'aperçoit qu'il ne faut pas très longtemps pour que l'auto-discipline ne se change en (bonne) habitude. Et une fois que ce rituel est créé, rien ne saurait nous empêcher de dérouler notre tapis à l'heure prévue.
Une fois que notre routine en est réellement devenue une, la question de "bien faire" commence à se poser. Bien méditer, on en a déjà parlé ici, est un cheminement progressif. Quant aux pratiques posturales et au pranayama, comment être sûr(e) de bien faire ?
Je n'ai qu'une seule réponse : on n'est jamais vraiment sûr. En revanche, il faut impérativement définir ce que signifie ce "bien" : "bien" faire une posture, déjà, c'est ne pas risquer de se blesser. D'où l'importance donnée aux ressentis pendant les cours accompagnés : apprendre à faire la différence entre l'inconfort et la douleur (selon A. Van Lysebeth, "une posture qui fait mal est une posture mal faite"), et apprendre à ne pas aller jusqu'à la douleur. C'est justement l'acceptation de votre inconfort qui vous permettra de lâcher certaines tensions, et d'aller un peu plus loin à chaque fois pour approfondir ou avancer dans votre asana.
La peur de s'ennuyer en pratiquant toujours les mêmes postures de yoga
Force est de constater que les échauffements dans la plupart des pratiques de loisirs (sport, musique, danse) sont souvent répétitifs. Et malgré cela, ne nous ennuient pas. Chaque gamme sur le piano développe notre dextérité, chaque rotation de cheville améliore sa souplesse, chaque contraction ventrale augmente la force et le tonus de la sangle abdominale. Et bien une posture de yoga, c'est pareil : chaque fois qu'on la fait, refait, re-refait, on l'améliore. On la connaît mieux. On y entre et on en sort différent chaque fois. L'énorme avantage de la répétition, c'est que l'esprit intègre petit à petit les progrès, mais surtout augmente notre faculté à ressentir, à percevoir plus vite un équilibre qui change quand on allonge un peu plus le dos, quand on place un peu mieux le pied, etc. Et c'est exactement ce cheminement qui nous permet de pratiquer d'autres postures, un peu plus exigeantes.
S'installer dans le confort de ce que l'on connaît
On a parlé de douleur un peu plus haut, parlons de blessures à présent. Le risque d'une pratique solitaire est effectivement de se blesser, parce qu'on ne connaît pas encore les bases de placement, parce qu'on a déjà des habitudes de sportif qui ne sont pas adaptées au yoga (je pense aux étirements en force, aux répétitions rapides, etc.), mais aussi parce qu'on a tellement envie de faire "mieux" qu'on risque de faire "trop". Certaines asanas sont précises, et ce, même si elles ne nous semblent pas abouties. Il est donc nécessaire et même indispensable de se placer au-delà de notre ego, du défi ("cette année, je réussis à faire le lotus !"), et de s'observer : notre corps n'est pas le même d'un jour à l'autre, d'une heure à l'autre, nos émotions sont différentes, comme nos ressentis.
C'est pourquoi je vous invite à privilégier les asanas que vous connaissez, qu'un enseignant de yoga vous a montrées et qu'il a rectifiées. Et surtout, surtout : prenez le temps. Si aujourd'hui, c'est Savasana qui vous correspond, faites-vous confiance et expérimentez-là aussi longtemps que vous y serez immobile et calme ! Demain, vous pourrez sans doute envisager une pose un peu plus "avancée". Votre corps vous sert à faire évoluer votre esprit, même si l'inverse est vrai aussi. Souvenez-vous que le yoga est éminemment spirituel, avant d'être corporel.
Le lieu de pratique
Si vous avez assez de place pour dérouler votre tapis, vous pouvez faire du yoga n'importe où ! Certains ont besoin d'un lieu dédié, ou d'un endroit tranquille spacieux, d'un petit autel ou d'une bougie, chacun son rituel, et c'est parfait ainsi. L'important est de privilégier votre confort : une chaise, si vous avez du mal à rester assis ou à genoux pour méditer, une couverture pour vous relaxer sans trembler, et si vous avez la chance d'avoir un jardin, sachez que le vent peut vous perturber. Sinon, tout est juste, tout est permis. Le lieu est moins important que la tranquillité et la régularité.
S'installer dans le confort de ce que l'on connaît
Une couverture ou une grande serviette suffira si vous n'avez pas de tapis, un ou deux coussins pour votre assise (ou une chaise) et une couverture seront les seuls éléments indispensables. Vous pouvez agrémenter certaines poses avec des blocs de yoga, mais si vous n'en avez pas, un support de type dictionnaire peut suffire à rapprocher vos mains de la terre. Vous pouvez également utiliser une ceinture ou une petite serviette de toilette en guise de sangle pour vous accompagner dans certaines asanas plus précises.
Le yoga comme pratique personnelle est évidemment un grand plus dans notre quotidien. Il est toutefois essentiel d'y rester présent. On ne peut (doit ?) pas faire une vraie séance si la télévision est allumée juste derrière, si on regarde son téléphone entre chaque expiration. On ne doit pas forcer sur une douleur, sous prétexte qu'il faut insister. Être attentif à soi-même est primordial, et c'est notre régularité qui amènera notre évolution.