Yoga Var

yoga et douleur

Mais le yoga, ça fait pas mal !?

Cet article participe à un évènement inter-blogueurs, organisé par Muriel, dont je vous ai déjà parlé : kiné, ostéopathe et enseignante passionnée de yoga ; je vous invite d'ailleurs à consulter son blog, "Adapter son yoga" riche et varié, une jolie source d'inspiration.

Le thème proposé par Muriel, autour des douleurs et blessures dans le yoga, résonne particulièrement en moi, car les années de pratique personnelle et d’enseignement nous font découvrir sans cesse de nouvelles perspectives sur nous-même (et sur nos élèves !), qui nous enrichissent personnellement et enrichissent par conséquent notre enseignement.

Je n’évoquerai pas ici des douleurs qui "précèdent" le yoga, ou qui apparaissent progressivement, telles que les arthroses, les dépôts de cristaux, ou autres suites d’accidents ou de vieilles blessures.

Et même si le yoga est réputé pour ne pas faire « mal », on force, on tient, on résiste, on allonge, on étire… un accident peut arriver, comme partout ailleurs. Mais on limitera le risque en développant l’écoute de soi, nous en reparlerons prochainement.

 

Il y a plusieurs types de douleurs, auxquelles le yoga peut nous confronter, que je voudrais aborder.

D'abord, les douleurs physiques, bien sûr : on va trop loin, trop longtemps, on n’est pas prêt ce jour-là pour telle asana, et crac : c’est la crampe, la déchirure musculaire ou plus simplement la courbature, ou encore le torticolis…  Ou on pratique telle autre trop souvent, mécaniquement, et re-crac : c’est la tendinite, ou l’entorse (bien que celle-ci doive être rare lors d’une pratique yogique mesurée et précise…), voire la fracture "de fatigue" !

Pour celles-ci, un seul remède (pour les éviter ET les soulager !) : de l'attention et de la modération pendant, et du soin (des postures restauratrices peuvent être pratiquées, en plus des soins locaux) après. Le tout, en conscience, évidemment !

 

Et puis il y a les douleurs morales. Allez savoir pourquoi, certaines asanas sont seulement inconfortables ou ardues pour les uns, et deviennent un vrai calvaire émotionnel pour les autres.

Un fourmillement dans une jambe en padmasana (posture du lotus) ou en siddhasana (posture « parfaite », quand on n’arrive pas au lotus) est parfois un excellent motif de concentration plus intense, de présence au corps plus profonde. Le même fourmillement vire à la crampe, et on perd la sensation même d’avoir une jambe, et là, deux options : tenter de rester encore un peu, pour voir si ça passe ou ce qu’on « peut faire de ça », ou simplement sortir en douceur de la posture et continuer sa concentration en toute sérénité.

Pour certains – ou certains jours – cette sensation deviendra vite insupportable. Au point parfois de vivre une fantastique frustration, qui mue rapidement en colère contre soi-même (arghhhh ! j’y arriverai jamais !), ou en tristesse (sniffff ! je suis vraiment nul(le)) ! De fait, la sortie de posture n’est plus du tout consciente et douce, et on arrive à… la réaction, celle dont je vous parle régulièrement… La réaction fugitive, inconsciente, l’inverse exact de l’action juste et consciente. Souvenez-vous « agir, au lieu de réagir »... On y est.

Ne nous y trompons pas, on est en plein dans le sujet de la douleur. Car quoi de plus douloureux, au fond, qu’une émotion mal gérée ou non accueillie ?

Sans compter que l’ego (oui, encore lui) vient ajouter son petit grain de sel dans tout ça : je veux y arriver, alors j’insiste… et c’est là que la douleur physique peut pointer le bout de son nez, simplement parce qu’on ne s’est pas écouté… (Je vous ai dit que nous en reparlerions prochainement, c’est promis !)

L'ego, donc, celui qui nous illusionne, vient nous "mettre la pression" pour faire aussi bien, faire mieux (qu'hier, que le voisin de tapis...), et nous faire oublier d'être. Or c'est bien de cela qu'il s'agit. Sortir d'une posture de yoga en ayant envie de mettre un coup de poing dans le mur n'est pas tout à fait le résultat escompté. Sortir d'une séance de yoga avec l'impression d'être encore plus triste (plus "mauvais", plus "incapable", plus "nul", etc.) qu'en y entrant, non plus. Ce sont des douleurs que nous essayons justement de guérir, de prévenir, de ne plus vivre, à l'instar des enseignements bouddhistes qui conduisent à sortir de la souffrance.

Par ailleurs, la douleur physique, si elle est régulière, voire quotidienne, entache notre mental, et peut finir par créer une douleur émotionnelle. Evidemment, c'est là que la pratique régulière du yoga, dans son intégralité, c'est-à-dire au-delà des postures, par la relaxation, la méditation, la respiration (pranayama), permet d'aller plus loin dans notre perception, de se créer un chemin vers le "mieux", et d'accepter sereinement d'être tel que l'on est, aujourd'hui, sur notre propre voie, en prenant soin de soi, physiquement et mentalement. Quoi de mieux, au fond ?

L'apprentissage du yoga développe la patience, l'attention que l'on mérite de se porter, l'objectivité à notre propre sujet : suis-je en mesure d'aller plus loin aujourd'hui ? Puis-je me contenter de sentir l'étirement pour profiter pleinement des bienfaits de cette asana, puis-je m'autoriser à fermer les yeux et à visualiser la posture pour la ressentir au mieux, et la pratiquer la semaine prochaine ? Des questions qui ouvrent notre connaissance de nous-mêmes, et qui peuvent nous éviter parfois de dire...

yoga douleurs

Free Joomla templates by L.THEME