Dépression et yoga

Il y aurait tant à dire sur la dépression... Moins sur les moyens d'en sortir. Malgré des chiffres élevés, la plupart du temps, on ne saisit pas à quel point des personnes intelligentes peuvent être accablées par la tristesse, laquelle n'est par ailleurs ni biologique ni psychologique.

Sentiment de fatigue permanente, difficultés d'endormissement, prise de décision impossible, irritabilité, faim insatiable, tendance à l'addiction, absence de plaisir au quotidien, isolement, manque d'estime de soi, la liste est longue. La solution la plus couramment proposée réside dans le traitement chimique, et fait face régulièrement à ses limites : effets secondaires parfois dramatiques, dépendance, ou retour des symptomes à l'arrêt du traitement. Il n'est évidemment pas question ici de nier la nécesité d'un traitement médicamenteux, mais de permettre une approche complémentaire simple et hélas le plus souvent oubliée.

Avec le yoga, on acquiert des outils nécessaires pour faire face à cette maladie en prenant peu à peu conscience que la maladie ne nous représente pas, qu'elle est temporaire. En dépression ou pas, tous les yogis ont fait une fois l'expérience d'une posture qui résiste, qui ne passe pas. Et ont appris que c'est le moment qui compte, l'intention posée, et que rien n'est assez pérenne pour en faire une affirmation définitive, pour étiqueter la posture comme impossible à réaliser ou le pratiquant comme incapable de faire cette posture. C'est pareil concernant l'étiquette que l'on se colle avec un traitement : on dira plus souvent "je suis dépressif(ve)", plutôt que "je souffre de dépression". Parfois d'ailleurs on ne dit rien du tout, et c'est encore un autre problème. Le fait est que le yoga permet de ne pas s'identifier à une émotion, à une maladie, à un ressenti. La dépression ne détermine pas la personne que l'on est - et c'est même souvent quand on ne se reconnaît pas qu'on s'aperçoit que quelque chose ne tourne pas rond. Le yoga nous aide à justement se reconnaître, et à prendre de la distance par rapport à ce qui nous fait souffrir.

On m'opposera l'idée que quand on souffre de dépression, on n'a plus envie de rien, et pas plus d'aller prendre un cours de yoga. C'est à la fois vrai et ... pas tant que ça : on n'a pas non plus envie de prendre X comprimés par jour, qui nous endorment, nous soulagent dans une certaine mesure, certes, mais nous provoquent des tas d'autres choses dont nous n'avons pas envie. Et pourtant, nous les avalons, bon gré, mal gré. Nous n'avons pas envie d'aller chez le kiné pour faire la rééducation indispensable après un accident, parce que c'est loin, qu'il pleut, que parfois "ça fait mal", qu'on ne trouve jamais de place sur le parking, et pourtant nous y allons. Nous y allons parce que nous sommes conscients que si on ne prend pas ces comprimés, si on ne fait pas les mouvements de rééducation, on restera triste, ou boîteux. Nous voyons sans vraiment y penser les résultats que cela apportera "plus tard". Et bien voyons ce que le yoga peut nous apporter pour "plus tard" :

• respiration plus fluide,
• concentration plus stable,
• allègement de la charge mentale, 
• oxygénation des cellules - notamment celles du cerveau -,
• assouplissement et tonification du corps,
• meilleure digestion,
• apaisement général, provoquant un meilleur sommeil - et endormissement facilité -,
• apprentissage de l'acceptation...

En résultats immédiats, il y a le bien-être dont parlent tous les yogis immédiatement après la séance (la relaxation après l'effort y joue un rôle prépondérant). Il y a la gratitude envers soi-même, de s'être donné le temps de prendre soin de soi. Et puis surtout, le regain d'intérêt pour soi-même, le recul que l'on peut prendre sur cette maladie et sur tous les éléments et évènements de notre vie qui l'ont provoquée. Enfin, la connaissance de soi, immédiate et progressive, la reconnaissance que cela nous apporte, et par ricochet l'estime que l'on peut à nouveau s'apporter à soi-même.

Bien sûr, pour faire face à une dépression, le yoga n'est pas l'unique chemin. Bien sûr, on a parfois besoin d'être aidé pour donner l'impulsion et passer à l'action. Mais peu à peu, ce chemin s'éclaircit, s'élargit, et nous apporte des réponses, qui sont rarement celles que l'on attendait...

"Là où il y a la lumière, il ne peut pas y avoir d'obscurité."